Korotoro, le Srebrenica de Deby

Publié le par Abouchanab Djahanouf Al-djihémane

Korotoro est un puits asséché depuis belle lurette et situé en plein désert de Borkou ; loin de tous les centres urbains, c’était le lieu de rencontre des caravaniers. C’est ce lieu austère, hostile, sans âme qu’a choisi Deby pour parquer tous ceux qu’il ne veut pas sentir. Korotoro est le plus sinistre de tous les bagnes que le monde connait aujourd’hui. Les prisonniers du bagne de Korotoro ont un statut particulier : ce sont des prisonniers de Deby, personnels !

Personne n’est au courant de leur arrestation. Aucun service de l’Etat ne s’occupe d’eux. Ils ne sont passés devant aucun juge ni aucune juridiction de l’Etat et personne ne connait leur nombre. Ce sont des militaires, des individus faits prisonniers lors des différentes batailles, des simples civiles commerçants ou même des sans travail ; tous arrêtés et emmenés sur simple décision de Deby et de lui seul. On y trouve tout le Tchad : des gens soupçonnés de sympathie avec la rébellion, ou même jugés parents des rebelles, ceux qui ne se courbent pas devant les princes du palais, ou d’autres qui ont lancé un mot déplaisant contre le régime par pur hasard et se croyant seuls, mais tombé dans l’oreille d’un mouchard, des militaires qui refusent d’aller aux combats, bref du tout et de tous les coins du Tchad. Des individus déclarés morts s’y trouvent, par contre d’autre dont la rumeur publique les déclare à Korotoro ne s’y trouve pas.


Selon les informations fournies par un ancien geôlier ayant réussi à regagner la rébellion, la situation des prisonniers est tout simplement dramatique, inhumaine, abominable. Ils meurent tous les jours et de tout : des maladies, de la faim, du froid, de la chaleur, etc. Il n’y aucune visite médicale, il n’y a aucun soin et aucune possibilité d’acquérir des médicaments. Les maladies respiratoires sont les plus fréquentes, sans parler de la famine. Selon les dires de ce témoin oculaire, les prisonniers ressemblent à ceux extirpés des geôles de la DDS un certain 1er décembre 1990 : faméliques, squelettiques, méconnaissables, incapables de se tenir debout. La majorité est à quatre pattes ou se traine sur ses fesses.

De peur que la vérité se sache, le bagne est hermétiquement fermé au monde extérieur ; on rentre dans Korotoro mais on n’en sort pas. Aucune visite n’est autorisée. Ne vivent que les prisonniers et leurs geôliers, pas d’âmes dans un rayon de trois cent KM. Certaines organisations internationales, à l’instar de CICR ont timidement tenté de s’y rendre, mais ont été refoulées sans ménagement.

Voilà, au 21ème siècle, la face hideuse d’un régime « démocratique, légal et légitime », appuyé par les démocraties occidentales particulièrement la France et l’UE.


Correspondance particulière

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article