Tchad| UFR, il faut un homme qu’il faut à la place qu’il faut !

Publié le par Abouchanab Djahanouf Al-djihémane



La situation qui prévaut actuellement à l’est du Tchad nous interpelle à telle ampleur que nous sommes en train de nous poser un certain nombre de questions sur notre engagement aux côtés de la coalition rebelle, l’Union des Forces de la Résistance (UFR). Cet engagement est-il une erreur de stratégie, un élan euphorique suscitant une alliance de circonstance avec n’importe qui pour constituer un poids proportionnel à l’arsenal que dispose l’ennemi d’en face ou alors est-ce une obligation de se mettre avec les autres groupes rebelles parce qu’un parrain l’exige ? Il convient de s’élever à un niveau supérieur pour voir les choses de façon plus objective. Il faut dire les choses telles qu’elles sont, telles qu’elles puissent être perceptibles du monde impartial.

Nous ne cessions de clamer haut et fort, depuis notre entrée en dissidence, que nous sommes en train de lutter pour un changement radical au Tchad. C’est un engagement incontestable et ce choix témoigne notre conviction profonde en la lutte que nous nous sommes évertués à mener jusque-là. Il serait par conséquent utopique pour nous d’être à même de convaincre les Tchadiens en particulier et l’opinion publique internationale en général qu’en l’état actuel des choses notre engagement pour le changement soit un engagement sincère. Aussi, il n’en reste pas moins certain que nous avons des sérieux doutes qui ont commencé par affecter notre profonde conviction à faire l’unanimité autour du bien fondé du combat que nous menons. Et tout a commencé depuis que l’on a annoncé que la coalition rebelle de l’UFR sera dirigée par l’ancien proche collaborateur de Deby et de surcroît son parent devenu son opposant (armé) suite à une querelle de clocher.

Il faut rappeler que les conditions dans lesquelles la coalition UFR s’est retrouvée avec, après sa création, Monsieur Timane Erdimi à sa tête, ont suscité beaucoup d’interrogations chez certaines personnes averties, de la stupéfaction générale pour des millions de Tchadiens voire de l’indignation pure et simple pour d’autres encore. Il est disproportionné qu’on fasse de la lutte contre la dictature et pour le changement notre cheval de bataille et être dans une coalition dirigée par un homme que les Tchadiens décrivent comme celui qui a été pendant près de quinze ans l’un des principaux sinon le principal auxiliaire du régime actuel avant de devenir opposant au dernier moment suite à une dispute de partage du pouvoir. La question que tout le monde se pose aujourd’hui est celle de savoir si l’homme qui a planifié et orchestré la mise en place du régime MPS, qui partage un lien avunculaire avec le Président du Tchad et qui réclame à longueur de journées le partage du pouvoir ou encore l’accession au pouvoir au Tchad serait celui par qui le changement tant attendu sera possible un jour dans ce pays ?

Il ne faut pas se laisser borner par l’illusion. Avant de prétendre aller combattre ou renverser la dictature contre laquelle nous nous sommes insurgé depuis plusieurs années déjà, nous avons besoin d’être d’abord à la hauteur d’un certain nombre de faits. Il faut dire que s’il n’y avait pas eu de consensus autour de Monsieur Mahamat Nouri pour être à la tête d’une coalition des rebellions, Monsieur Timane Erdimi, lui, ne peut pas faire mieux. Pire, avec lui, tous les ingrédients d’un fiasco annoncé de la Résistance nationale sont réunis. Ce qui assurera certainement une pérennité de la dictature au Tchad. En clair, pour être en conformité avec la lutte que nous sommes en train de mener, pour être convaincants auprès de l’opinion publique nationale et internationale, il nous faut quelqu’un d’autre, un homme qui inspire confiance et non un assoiffé de pouvoir à la tête de l’UFR pour redonner confiance aux forces de la Résistance nationale dans leur ensemble et de l’espoir aux millions des Tchadiens déçus.

La mystérieuse aventure qui s'est déroulée du 4 au 9 mai 2009 à l’est du Tchad nous a rassurés sur les doutes que nous avions dès le début. Déjà en janvier-février 2008, le Commandement Militaire Unifié dirigé par Mahamat Nouri était arrivé jusqu’en N’Djamena, mieux, jusque devant le palais de la Présidence. Or Monsieur Timane Erdimi a trahi le CMU pendant que la dictature était en train de tomber et par sa faute à lui tout a été voué à l’échec. Depuis, il s’acharne à vouloir devenir Président au Tchad. Nous sommes étonnés de le voir se comporter de la sorte et sommes, à l’instar de la presque-totalité des Tchadiens, consternés d’apprendre que c’est encore lui qui devait être à la tête de la nouvelle coalition. Ce n’est pas tout. Notre consternation est arrivée au summum en date du 4 mai 2009 avec l’amateurisme notoire dont il a fait preuve. Plus grave, près d'un mois après la débâcle, il s'est reclus dans un mutisme assourdissant sans pouvoir dire un seul mot. C'est à se demander si les cordes vocales ne sont pas parties avec la mallette abandonnée. Nous n’allons pas continuer de tourner en rond. Le temps est venu pour mettre fin à ces aventures et passer aux choses sérieuses.

Par ailleurs, nous demandons à tous nos militants (adhérents et sympathisants) de par le monde qui nous interpellent chaque jour qui passe d’être sereins et de garder leur espoir. Nous sommes conscients de leurs inquiétudes. C’est notre préoccupation majeure. Un grand mouvement  n’en est un que s’il prend en compte les critiques, les observations, les conseils et les exigences de ses militants, de ses compatriotes. Nous mettons tout en œuvre pour satisfaire ces exigences. Les jours à venir seront décisifs.

Le débat reste largement ouvert et pour aller plus loin :

Mohamad Ahmad Kébir

Tél : 0033 6 123 000 95

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