Tchad: l'ONU désavoue Idriss Deby, furieux contre tout le monde!

Publié le par Abouchanab Djahanouf Al-djihémane



Idriss Déby Itno, le président tchadien, est furieux contre tout le monde. D’abord, à l’encontre des rebelles qui ont récemment lancé un assaut contre son pays mais qu’il a su contenir, Déby ne tarit pas d’injures. Traités d’apatrides et de mercenaires, ils n’ont droit, aux yeux du chef de l’Etat tchadien, qu’au mépris le plus total. C’est pratiquement le même traitement qu’il réserve au Soudan, le pays d’Omar El Béchir étant régulièrement accusé de servir de base arrière et de mamelle aux groupes rebelles tchadiens. Mais le courroux du maître de NDjamena ne s’arrête pas à ces ennemis traditionnellement connus.

L’Union africaine est aussi dans son collimateur, parce que jugée partiale dans son traitement du dossier. D’où les menaces de confier le dossier de son conflit avec les rebelles et avec le Soudan, à l’ONU. Que Déby internationalise ses problèmes avec la rébellion en s’en prenant au Soudan, n’a rien de nouveau. Il en a toujours été ainsi depuis la dégradation des relations entre les deux pays. L’état de belligérance avec le Soudan a été déclaré par le Tchad, après chaque offensive rebelle. Mais les accusations contre l’Union africaine sont plutôt récentes. A quoi riment-elles ? Le Tchad a-t-il besoin en ces temps difficiles pour lui de se mettre à dos l’Afrique ? Car jusqu’à présent, le président de la Commission de l’Union africaine, le Gabonais Jean Ping, semble bénéficier de la confiance des chefs d’Etat, dans la gestion de cette affaire. Déby prêche donc dans le désert. A moins que le tapage fait autour du prétendu manque de courage politique de l’UA, ne soit la conséquence de désaccords entre dirigeants d’Afrique centrale.

 Jean Ping étant Gabonais, donc ressortissant de l’Afrique centrale, Déby, par une vision courte, se sentait sans doute en droit d’être soutenu dans ses démêlés avec le Soudan. On sait que le chef de l’Etat gabonais s’est beaucoup investi, par le passé, dans la crise tchadienne. Mais lassé par la mauvaise foi des acteurs, il a depuis longtemps cessé de s’intéresser à ce pays. Est-ce aussi ce silence des pays partageant la même aire économique et géographique que le Tchad, que Déby veut indirectement fustiger ? Dans tous les cas, il se trompe d’adversaire, en s’en prenant à l’UA. Jean Ping n’applique que les décisions des chefs d’Etat. Déby devrait donc avoir aussi le courage politique de dire qu’il en veut à tout le continent. Reste l’ONU, à qui le Tchad fait des clins d’oeil. Cette démarche risque d’être improductive.

 Au nom de la coopération qu’elle entretient avec les organisations continentales, l’ONU ne peut nullement désavouer l’UA. Du reste, le secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires politiques, l’a implicitement reconnu, en appelant le gouvernement tchadien à négocier avec la rébellion. Mieux, il prend le Soudan comme exemple en matière de dialogue politique, lorsqu’il déclare que le Tchad doit avoir une démarche similaire à celle du Soudan, où un processus de paix est en cours avec les rebelles. Bref, Idriss Déby aura fait beaucoup de bruit pour des résultats diplomatiques bien maigres. Il lui reste donc à méditer sur ce comportement de la communauté internationale, qui ne peut être que le signe d’une lassitude vis-à-vis de sa façon de gérer le pouvoir d’Etat. C’est aussi un message contre l’escalade qu’il veut instaurer avec le Soudan pour faire oublier sa propre responsabilité dans le drame des populations civiles prises en otage par les incessants conflits et qui ont sans aucun doute besoin d’un renouveau politique.


Par Mahorou KANAZOE

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