Que l’ONU ne commette pas les erreurs de la SDN

Publié le par Abouchanab Djahanouf Al-djihémane


Quatre vingt-dix ans après que la fameuse Société des Nations (SDN) ait commis des erreurs monumentales qui ont entraîné le monde entier dans une guerre plus destructrice que jamais en 1939, l’ONU, à travers son Conseil de Sécurité, semble aujourd’hui se perdre en conjectures pour emboîter le pas à son aînée. La communauté internationale aurait fait mieux de diagnostiquer la problématique, d’essayer d’y apporter des solutions appropriées au lieu d’accuser à tort un pays voisin, en l’occurrence le Soudan, de « déstabiliser » plutôt un régime dictatorial que le Tchad en tant qu’Etat. Quid du régime tchadien qui finance et entretient une milice barbare qui extermine les populations civiles à l’est du Tchad et au Darfour ? Il est inconcevable, de notre point de vue, que lors de son assemblée générale extraordinaire du 8 mai, le Conseil de Sécurité se targue de qualifier d’ « agression rebelle venue de l’extérieur », faisant ainsi allusion ouverte en des termes à peine voilés au Soudan d’attaquer le Tchad à propos de l’attaque perpétrée par nos forces la semaine dernière contre les positions tenues par les soldats gouvernementaux. Cette manière de procéder que nous trouvons injuste est encore plus révoltante et nous incite encore plus à la révolte actuellement en cours.

Il est certain que celui qui se trouve actuellement à la tête du régime de N’djamena a été fabriqué par Khartoum avant de pouvoir devenir ce qu’il est aujourd’hui. L’on se souviendra qu’en avril 1989, lorsque le MPS, aidé sans doute de plusieurs pays étrangers, a lancé des offensives à partir de l’est du Tchad pour parvenir à renverser en décembre 1990 la dictature précédente, le Conseil de Sécurité de l’ONU n’a pas daigné faire la moindre réaction. La communauté internationale a même applaudi le renversement de la dictature. L’Italie est même allée plus loin en décernant un prix spécial (Umberto Biancamano) aux  nouveaux venus. Nous sommes cependant fort surpris aujourd’hui, alors que l’histoire est entrain de se répéter au Tchad avec l’érection d’une autocratie pol-potiste en cette ère moderne de démocratie et de multipartisme, de voir le Conseil de Sécurité des Nations Unies se réunir en catastrophe pour désapprouver le fait que les Tchadiens aient exprimé leur désir d’apporter un changement radical dans leur pays affecté par la tyrannie. Plus grave, l’on accuse le Soudan de « déstabiliser le Tchad » alors que nous sommes en présence d’un conflit tchado-tchadien. Selon la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, tous les peuples ne naissent-ils pas libres et égaux en droit et en dignité ? Pourquoi alors ce qui a été voulu pour les Tchadiens en 1990 ne leur soit pas souhaité aujourd’hui ?

Que le Conseil de Sécurité de l’ONU revienne à la raison pour essayer traiter les problèmes du Tchad en toute objectivité, sans parti pris. Le peuple tchadien est victime d’une injustice qui date de plusieurs décennies. Il appartient au Conseil de Sécurité, cet principal organe des Nations Unies, sensé à l’origine jouer le rôle salvateur de prévention des conflits et de veiller au maintien de la paix et la sécurité dans le monde, d’agir avec un peu plus d’impartialité et de responsabilité pour aborder la problématique. La déclaration du 8 mai 2009 n’est pas de nature à apaiser les tensions. Face à un différend aussi grave, une telle déclaration ne fait qu’exacerber la situation. La guerre à laquelle nous sommes actuellement confrontés est une guerre qui nous a été imposée. Nous sommes en train de faire la guerre contre l’injustice et la tyrannie. Le Conseil de Sécurité de l’ONU, au lieu de faire des déclarations tapageuses et partiales, aurait pu voir dû se prévaloir l’amabilité de nous aider à balayer la dictature pour instaurer un Etat de droit au Tchad. Que les Nations Unies ne commettent pas les erreurs de la Société des Nations !

 

Le Représentant de l’UFCD en Union européenne
MOHAMAD AHMAD KEBIR

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